Les préparatifs du voyage ont commencé chez mon ami Si El-Houssein Azmamar et sa famille à M’Hamid El Ghizlane. Nous avons été rejoints par Si Moha, le nomade venu de Tagounite, qui m’accompagnait dans cette traversée. Nous avons préparé tout ce qu’il fallait pour la route : nourriture, eau et provisions, soigneusement chargées sur les chameaux. Grâce à la profonde connaissance de Si Moha du désert et de ses habitants, j’ai commencé à en découvrir l’esprit caché. Nous avons fait les premiers pas d’un long chemin vers Foum Zguid — 130 kilomètres de sable, de silence et de découvertes nous attendaient. Ce premier jour, nous avons parcouru 20 kilomètres de M’Hamid El Ghizlane jusqu’à Oued L’Aatach, en passant par Lbour, avec une pause d’une heure et demie pour préparer un déjeuner composé d’un tajine et de thé.
Après une nuit paisible sous les étoiles, nous nous sommes réveillés à 7 heures pour préparer le petit-déjeuner : pain, fromage, confiture de dattes et thé avec un peu d’huile. Puis nous avons repris la route, parcourant 25 kilomètres jusqu’à Erg Lghoul, l’une des plus hautes dunes de l’erg Chegaga. On lui donne ce nom à cause du bruit étrange produit par le vent et le sable — un grondement qui rappelle celui d’un monstre dans une forêt. En chemin, nous avons ramassé les déchets rencontrés, à l’aide d’un pince à déchets que j’avais acheté pour 25 dirhams (~2,5 €).
Nous avons quitté l’Erg Lghoul tôt le matin, prêts pour la prochaine étape de notre voyage. Ce jour-là, nous avons parcouru 25 kilomètres, la majeure partie du chemin longeant le lac Iriki, dans une région appelée Ghuiret Lemless. Le spectacle était saisissant. Le lac asséché s’étendait jusqu’à l’horizon comme un fantôme oublié par le temps, reposant entre les dunes comme un secret enfoui au cœur du désert. Son calme n’était pas un simple silence, mais un mutisme profond qui murmurait des secrets anciens qu’entend seulement celui qui traverse cet endroit. Difficile d’imaginer que cette étendue aride fut autrefois un véritable lac, vibrant d’eau, d’oiseaux migrateurs et d’animaux. Aujourd’hui, il n’en reste que ce silence abyssal. Chaque pas sur le sable ne laissait qu’une trace légère, aussitôt engloutie par le vide, comme si le désert refusait de garder la mémoire de ceux qui l’ont traversé. Dans ce vide infini, la beauté se mêlait à la crainte, l’isolement à l’émerveillement — faisant de cette étape du voyage quelque chose de plus proche d’un rêve mystérieux que d’une réalité vécue.
Nous nous sommes réveillés à Oued Essassi, prêts à poursuivre notre voyage. Aujourd’hui, nous avons marché de la lagune d’Iriki jusqu’à El Medouar Es-Seghir, à travers les terrains rocailleux et difficiles du désert. Le chemin était ardu, semé de pierres et de sentiers irréguliers. Chaque pas nous rappelait la diversité du désert des dunes de sable doux aux roches dures et escarpées. Mais à l’approche du Medouar Es-Seghir, le coucher du soleil a commencé à teinter l’horizon de ses dernières couleurs. Les rayons dorés baignaient les rochers d’une lumière paisible, nous faisant oublier la dureté du chemin. Nous nous sommes assis, un verre de thé chaud à la main, tandis que les notes d’une guitare flottaient doucement dans l’air un moment suspendu, où la fatigue a cédé la place à une douce quiétude.
Nous nous sommes réveillés avec le lever du soleil sur Lmedouar Sghir, l’une de mes vues préférées dans le désert marocain. Les paysages rocheux me rappellent toujours la grandeur de Dieu — un chef-d’œuvre qui a traversé l’histoire. Après avoir rangé nos affaires, nous avons pris la route vers Foum Zguid, un village niché entre deux montagnes. Au lieu de terminer la traversée ce jour-là, nous avons choisi de passer notre dernière nuit en périphérie du village. Nous avons campé près de quelques nomades, parents de Si Moha, profitant du calme du soir désertique alors que notre voyage touchait à sa fin.